une Petite Histoire de Joué les Tours

Je suis un enfant de Joué les Tours, de l' époque des année 1940/1960, c' est à dire de l' époque ou Joué était encore une commune de 4 à 5000 habitants, avec un gros bourg dont le centre vital était la partie de la rue de Chantepie entre les 3 croix et la Marbeliére, la rue Aristide Briant, la place de la Mairie (l' ancienne) la place Victor Hugo (l' ancienne), la rue Gamard et le boulevard Gambetta.. Hélas, presque toutes les traces de ce vieux Joué sont disparues. Je ne fréquente plus guère cette commune multipliée par 10, devenue pour moi inconnue et étrangère.

Quelques livres parlent très bien de cette époque, Par exemple:
Ballade au coeur de Joué les tours de Michel Tironneau. aux Editions Alan Sutton

Enfant de Joué, de 2 ans mon aîné, M. Tironneau qui devint médecin à Joué, raconte d' une façon originale la vie et les gens de cette époque. A peu prés tous les personnages cités dans son livre me sont familiers. Ce qui fait que la lecture de son oeuvre me procure à la fois un grand plaisir et une grande nostalgie.

Mémoire en Images - Joué les Tours de Pierre et Thérese Robert, qui parle de la même époque, beaucoup de photos. Egalement aux Editions Alan Sutton . La encore mes souvenirs remontent..

Retour DanRJ    Retour Touraine

L'affaire des Godets... Qui amusera (peut etre) les anciens de Joué les Tours....

Ce devait être l’été 1952, au quartier du ‘Point du jour’ de Joué les Tours. Il avait dans ce quartier un groupe de jeunes garçons à peu prés du même age qui faisait un peu une bande.La moyenne d’age était sans doute de 11 /12 ans.
Les terrains d’aventures se situaient plutôt vers le coté nord de la commune : l’Epen, la Marbelliere, Beaulieu, Le bois de St Marie, La Carre, Le vieux cher. Il y avait de quoi faire…

Cette année la, deux activités importantes…

Les chariots à roulements à billes. Les lieux étaient propices à cette activité très technique et dangereuse, L’immense pente qui démarre de la rue de la Marbeliere vers Beaulieu, presque jusqu’au vieux cher, descente sinueuse très technique et rapide, à peine égalée dans les circuits de Formule 1 modernes, était particulièrement adaptée.

Et aussi, pour faire face à une éventuelle invasion d’éléments hostiles en provenance du bourg, de l’autre coté de la voie ferrée, à la constitution d’armement individuel très performant : les lances pierres
Après l’étude sérieuse de quelques appareils tombés entre nos mains, et quelques tentatives de fabrication, nous nous sommes rendu compte qui si la partie fabrication de fourche en bois était facilement maîtrisée, les élastiques récupérés dans les boites à ouvrage et sur les bocaux en verre ou de chambres à air de vélo n’étaient pas adaptés. Une évidence s’imposait : il nous fallait une chambre à air de voiture.

Une expédition fut aussitôt organisée en direction de chez notre voisin le Père Jean Georges, mécanicien moto bien connu des Jocondiens. A la question, avez vous une vieille chambre à air à nous donner, le père Jean Georges qui n’était pas né d’hier nous dit aussitôt : c’est pour faire des lance pierres ? Passons les détails… ce fut un échec.

Apres la mise au point d’une nouvelle stratégie, nous décidons de passer le passage a niveau et de monter jusqu’aux Trois croix chez le Père Talon, mécanicien auto. Plus finement, nous commençons à lui demander s’il avait des vieux roulements à nous donner pour faire des chariots, Puis, ensuite, s’il avait une vieille chambre à air pour faire des freins sur les chariots.
Il n’a peut être pas été dupe, mais il se trouve qu’il y avait la une chambre à air sans doute poreuse encore à moitié gonflée qu’il venait de remplacer. En grognant un peu, il nous la donna… Muets de satisfactions cachées.. merci monsieur… au revoir monsieur…Le brave père Talon ne se doutais pas qu’il devenait complice de ce qui va suivre…

Nous partons rapidement de peur qu’il change d’avis, en roulant la chambre comme un cerceau. Pas question de passer rue de Chantepie devant chez le père Tirauneau, au poste de Police, avec cet armement en puissance. Passage par la rue par derrière : rue pourtant à éviter aussi car c’est la que le père Giret habitait, et il nous avait poursuivi avec sa fourche quelque temps avant, un jour que nous étions par hasard dans un des ses cerisiers prés du patronage. Passage à niveau et détours par le petit chemin qui longe la voie par derrière chez le père Jean Georges pour éviter qu’il nous voie avec la chambre…on ne sait jamais…C’est compliqué la vie.

Avec cette matière première aussi précieuse que de l’uranium enrichi, et l’évolution du savoir-faire nous avons réalisé des lances pierres de plus en plus performants. L’entraînement intensif au tir ne fut pas négligé. Il apparut rapidement nécessaire de quitter les zones habitées, car nous avions remarqué que, curieusement, le verre des vitres de fenêtre avait tendance à attirer vers elles nos projectiles égarés. Même monsieur Lecomte, demeurant au centre de la zone d’exercice, qui en tant que peintre-vitrier aurait pu y trouver quelques avantages, ne nous portait pas d’encouragements.
Nous découvrons assez vite une cible à la hauteur de nos performances : les isolateurs en verre sur les poteaux électriques. Quant la cible est touchée, un bout de verre est cassé et tombe ou, pour le moins, s’il n’y a plus rien à casser, ça fait un bruit caractéristique.
L’entraînement au tir c’est donc poursuivi en rase campagne, et l’alignement de tasses sur les poteaux le long du bois de St Marie y est entièrement passé…

L’ennuie bien sur, c’est que ce n’est pas sans dégâts pour les isolateurs : perte d’isolation par temps de pluie et même presque toujours si le verre est fêlé. Bref, EDF n’apprécie pas vraiment. A noter que pour nous, les isolateurs s’appelaient des TASSES.

Un beau jour, nous apprenons par nos parents que les gendarmes sont passés et qu’ils désirent nous voir à la brigade en fin d’après midi, seuls, sans les parents. Et avec nos lance pierres.
Aie Aie Aie… Conseil de guerre… Qu’est ce qu’ils nous veulent ? Il y a bien cette histoire de cerises avec le père Giret en cours et cette vague histoire des fraises de Melle Marie, et aussi pourquoi emmener les lances pierres ? Pour le moins, ils vont nous les piquer.

C’est un piège : on n'emmène pas les lance pierres, on dit qu’on en a pas. Ils vont peut être nous mettre en tôle, il faut prévoir.
Chez Duc....., dont le père travaille à l’armée, il y a quelques vieilles couvertures kaki : chacun une enroulée. Des casses croûtes, des gourdes d’eau, des piles électriques, des couteaux pour s’évader et autres objets de survie : nous voila équipés. A l’heure dite, nous descendons avec notre équipement la rue de Chantepie vers la gendarmerie qui se trouvait à cette époque là en haut de la cote du pont volant.
Un gendarme nous ouvre… il a quant même du être légèrement stupéfait par notre équipement…. Voix forte, ton sec… ça commence mal… Il nous fait poiroter un moment dans la cour une demi-heure, une heure ? ne sait plus.. Nous avons le temps de chercher ou pourraient être les prisons. Quelques portes basses et sombres sur la gauche, c’est sûrement la..

D’autres gendarmes arrivent, ils nous font entrer dans un bureau avec des tables, une machine à écrire. Nouvelle attente en silence.. Les gendarmes eux, parlent entre eux, dans leur conversation, l’un d’eux demande si les rats qui étaient dans la prison ont étés tués. Non, répond un autre. Travail psychologique…

Le chef de Brigade arrive, c’est parti, vos noms etc…Vos lances pierres : A non, nous on n'a pas de lance pierres. Oh! que ça commence mal…

Pas de lance pierres.. Et qui c’est qui s’amuse à casser des GODETS ?? C’est bien vous, non ?

On se regarde, qu’est ce que c’est que cette histoire de GODETS ? Moi je n’ai pas la moindre idée de ce que peut être un GODET. Non, on n’a jamais cassé de godets, on sait même pas ce que c’est.

Le chef de Brigade s’énerve un peu.. Il nous reparle de ses godets. Avec un bel ensemble, nous lui redisons que nous n’avons pas cassé de GODETS.
C’est quant il se met à parler de poteau électrique que je comprends, ce qu’il appel des GODETS, ce pourrait bien être ce que nous appelons des TASSES. Aie Aie Aie
S’il avait parlé de suite de TASSES on était cuits. Les gendarmes étaient je pense assez déconcertés… Tant de sincérité…mais à ce moment la, je pense que nous on avait tout compris. Une nouvelle charge du chef de Brigade allait sûrement en faire lâcher un ou deux.
Aie Aie Aie…
ET c’est alors qu’un événement inattendu et miraculeux se produit…L’entée tonitruante dans le bureau du père Loy.. qui rentrait de son boulot à la CIMT, et qui en avait un probablement coup dans l’aile, comme assez souvent… Très remonté, Loy.. élève la voix, hurle qu’il n’y a pas que ses fils qui ont des lances pierres, je me rappel qu’il me crie très fort : toi aussi t’en a un… Les gendarme lui disent de se taire, une engueulade avec les gendarmes commence et une cacophonie générale s’installe. Rien d’autre à faire que d’attendre que ça se tasse…

Je ne me souviens plus trop de la fin de la confrontation qui a du être assez confuse, toujours est t’il que nous avons échappé à la prison et aux rats…et que nous nous sommes retrouvés dans la cour de la brigade, nous avons repris nos paquetages et remontés au ‘Point du jour’. Ouf !…

DJ

Ecole des garçons de Joue les Tours - en 1949 ? - La classe de 4° ?

Je crois reconnaitre: Thomas, Chretien,Sassier Claude, Aiguillon, Jolivet daniel, Marlier, Duchesne,Bodin, Proust Francois,Aviron,Pain,Buron, Loyez

 

Retour Menu    Retour Touraine

6 5 06