Le Canon de Peslieres...

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Ce superbe canon, remarquablement restauré, est visible prés de l' église de Pesliéres

C' est une des armes les plus terribles utilisées par l' artillerie de tranchée de l' armée Allemande durant la guerre de 14/18

Ce 'canon' est un lance mines Allemand de 250 mm Schwerer Minenwerfer ( N° 4097 de 1917 - S.M.W. 16).
( Et non un obusier Autrichien, comme il est indiqué parfois )

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Le lance-mines lourd. - Schwerer Minenwerfer - SMW - 250 mm - Réalisé par la firme Allemande Rheinmetall de Dusseldorf

Les Allemands, compte tenu des leçons de la guerre russo-japonaise de 1904, pensent qu 'une arme lourde effectuant des tirs courbes à courte distance avec de grosses charges d' explosifs est indispensable.

Ce canon est à l' origine une arme du Génie. Ce corps d'armée, qui pour détruire les forteresses ne trouvent pas d' armes adaptées dans le materiel de l’artillerie classique et qui développe ses propres équipements demande à la firme Rheinmetall de Dusseldorf de réaliser un armement spécifique. Dés 1910 le lance mine (ou Minewerfer) est réalisé. Il est capable de tirer un obus-mine de calibre de 250 mm à plus de 600 mètres.

Le Schwerer Minenwerfer (sMW) de gros calibre (250 mm). dés août 1914 - puis le sMW 16 en 1917 affût long (comme celui de Pesliéres)
Le Mittelere Minenwerfer (mMW) de calibre moyen (170 mm).dés en août 1914
Le Leichte Minenwerfer (lMW) de petit calibre (77 mm)

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L' obus de 97 kg pouvait être transporté à la main sur la position de tir par plusieurs artilleurs à l' aide de ces 'paniers ' à poignées.

Construite en secret, cette arme redoutable sera une mauvaise surprise pour les troupes Françaises et alliées au début de la guerre de 14, les troupes allées ne possédaient pas d' équivalent. Ce lance mine était simple et robuste. Les troupes Allemandes mirent en oeuvre pour la première fois en 1914 ce lance mine lourd contre l' armée Belge, au fort de Liège et à Namur, puis lors de l’attaque du fort de Maubeuge. Cette arme était donc conçue pour la destruction de constructions et de fortifications.

La grande différence avec les mortiers classiques c' est que les concepteurs de chez Rheinmetall ont monté l' affût avec un mécanisme hydropneumatique de recul.

Après un début de guerre de mouvement, rapidement la guerre devient un guerre de tranchée. Les soldats au fond des tranchées étaient plus ou moins à l' abri des tirs tendus de l' artillerie classique. Les États majors revinrent à l' idée du vieux mortier, permettant d' expédier à la vertical la munition, avec l' espoir de mieux pénétrer les tranchées. Les Allemands s' aperçoivent que leur Schwerer Minenwerfer (sMW) était tout désigner pour cette usage: ce lance mine va devenir un mortier des plus monstrueux.

Les armées Françaises, prises de court par cette nouvelle arme très adaptée à la guerre des tranchées, remirent à la hâte en service des anciens mortiers, beaucoup moins performants que ce sMW.

Ce mortier a été réalisé en 2 versions: la première avec le canon court Version 3 (a/A) et en 1916 cette arme fut modifiée par l’adaptation d’un canon long afin d’accroître sa portée. Version 5 (n/A). Celui de Peslieres est une version 5 (canon long SMW 16 de 1917)

calibre: 250 mm - longueur Au tube : L/3 (762 mm) - angle de pointage en hauteur : De +45° à +75° - angle de pointage en direction : 20° (au total) - poids du tube : 148 Kg - poids de l' arme mise en batterie : 660 Kg (V3) ou 780 Kg (V 5) - poids de l' arme attelée : 955 Kg ( V 3) - poids du projectile : 97 Kg (V 3)- charge explosive: 50 Kg - vitesse initiale du projectile : 73 m/sec - portée maximum : 563 m (V 3 ) ou 1077 m (V 5) - Cadence de tir: 20 par heure
Le 250 pouvait pénétrer jusqu 'a 9 mètres de profondeur dans la terre

Une charge d' un sMW pouvait contenir 47 kilos de TNT, soit la puissance explosive de près de 250 grenades . L' effet sur les pauvres soldats devait être absolument terrifiant.

Un des inconvénients de ce mortier très puissant était son tir court, ce qui obligeait les Allemands à l' utiliser prés de la ligne de front et le rendait vulnérable au tirs adverses. La vitesse initiale des munitions était basse et la précision très relative: il était possible de les voir monter vers le ciel et redescendre, avec un bruit de départ très caractéristique, ce qui rendait ce mortier facile à repérer et certains soldats sous le tir avaient quelques chances de l' éviter. Mais la ou la munition explosait, les dégâts étaient considérables. Sous le feu d' une batterie de 8 sMW, un obus explosait toute les 20 secondes sur les tranchées.. entre ceux qui étaient tués, ceux qui, blessés, hurlaient de douleur et ceux qui devenaient fous de terreur il ne restait plus beaucoup de monde pour combattre

Un Minenwerfer version affût court, en service.

Le sMW 250, dans son utilisation en tant que mortier de tranchée, lourd et encombrant était déplacé par une vingtaine d' hommes. Les roues étaient enlevées quand le mortier était en position de tir. Cette arme qui était la terreur des hommes dans les tranchées a été construite en grand nombre. Economique à fabriquer et sa munition ne nécessitant pas de métaux coûteux pour la fabrication des douilles (faible pression dans l' affût ) était également bon marché. Il doivent être installés à moins de 1 Km de front, étaient assez difficiles à mettre en batterie et pour éviter les tirs de contrebatterie ces sMW étaient généralement enterrées dans des abris .

Des tirs de batteries de sMW étaient principalement utilisés pour déstabiliser l' ennemie avant un assaut. L' effet destruction et aussi l' effet démoralisateur et déstabilisant de ces énormes explosions était considérable. Ces batteries, placées tout près du front, etaient utilisées à la demande des commandements d' infanterie, mais étaient cependant sous le contrôle et l' approvisionnement de l' artillerie classique, généralement plus en retrait.

Mittelere Minenwerfer (sMW) en service

A la fin de la guerre l' organisation d' une batterie de Minenwerfer était de 8 sMW et de 4 mMW. Des modifications vont être apportées aux différents modèles. Notamment des Minewerfer neuer art (N/A ) qui pouvaient tirer en tir tendu ou en antichar avec un système d’affût à balancier.

Au traité de Versailles, apres la guerre, Il a été interdit à l' Allemangue de posseder , entre autre, le Minenwerfer SMW de 25 cm

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D'autre Minenwerfer de chez Rheinmetall en France (il semble que le sMW 250 de Pesliéres soit rare voir unique ?)

A St Cast (22), un mMW170 - A Chateauneuf sur Cher (18) un mMW170 avec des roues - A Epesses (85) un mMW170

A Lehon ( Cotes d'Armor ), un Minenwerfer mMW de 170 - (En septembre 2007: il est sous les fleurs en face la Mairie)
Lehon est une superbe cité médiévale fleurie avec un château féodal, au bord de la Rance , sous Dinan. Lien vers le site

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Les 2 Minenwerfer mMW de 170 visibles au Mémorial de Verdun (photos du 5/2008)
A noter que même au Memorial de Verdun, il n 'y a pas de SMW 250, seulement des 170

  

Et voila le 'modeste' mortier de tranchée des armées Françaises, le 'Crapouillot' de 58 mm

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